La méthode Montessori adaptée à la maladie d’Alzheimer

Si, à la base, la méthode Montessori a été mise en œuvre par Maria Montessori dans le but d’encourager les enfants à davantage d’autonomie et de confiance en soi, c’est en 1990 que le neuropsychologue Cameron Camp l’a évaluée dans le cadre de la maladie d’Alzheimer et d’autres troubles neurodégénératifs, affectant notamment (mais pas seulement) les personnes âgées.

Zoom sur les liens entre une méthode pédagogique éprouvée et la santé mentale.

Les troubles cognitifs de la personne âgée

Les troubles cognitifs de la personne âgée affectent la mémoire, la perception, ralentissent la pensée et présentent, pour ceux et celles qui en souffrent, des difficultés en matière de résolution de problèmes. Ainsi, ils sont souvent associés à des symptômes particuliers comme des psychoses, des variations d’humeur ou encore de l’anxiété dans le cas de troubles mentaux. Les troubles cognitifs sont, la plupart du temps, liés à des lésions cérébrales et c’est pourquoi on les trouve fréquemment dans des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson ou la maladie d’Alzheimer par exemple.

La relation entre la pédagogie Montessori et la maladie d’Alzheimer

L’objectif principal, dans l’utilisation de la pédagogie Montessori chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, est de les encourager à faire usage des capacités cognitives restantes et de freiner la perte d’autonomie.

Les gestes du quotidien, l’assurance, l’estime de soi : autant d’éléments pris en compte pour proposer aux patients atteints d’un Alzheimer des activités adaptées.

Alors que la maladie d’Alzheimer affecte principalement la mémoire à court terme, il est important pour les professionnels de santé de connaître le parcours, les antécédents des personnes soignées, en vue de leur faire reproduire des gestes inculqués dans le passé.

Dans le cadre de la pédagogie Montessori, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer sont invités à choisir les actions à effectuer, au même titre que les enfants bénéficiant de cette éducation à l’école ou à la maison. Si, par exemple, une personne a passé beaucoup de temps à jardiner au cours de sa vie, elle montrera davantage d’intérêt pour le jardinage et sera par conséquent plus favorable à participer si on lui donne la possibilité de créer et d’entretenir son petit potager.

L’un des côtés négatifs concernant les patients atteints par la maladie d’Alzheimer est qu’ils se sentent bien souvent dénués d’intérêt, c’est-à-dire inutiles, transparents. En les encourageant régulièrement à participer aux gestes de la vie quotidienne, ils reprennent peu à peu leur place au sein de leur famille, d’un groupe et donc d’une société tout entière. A ce titre, la pédagogie Montessori a pour objectif d’attribuer des rôles à chacun et de leur redonner la place qu’ils méritent dans la communauté.

Comment fonctionne la méthode Montessori au service des patients atteints par la maladie d’Alzheimer ?

Comme évoqué plus haut, il est important pour les thérapeutes et les aidants d’identifier des activités avec lesquelles le patient atteint par la maladie d’Alzheimer est à l’aise, pour les avoir effectuées au cours de son existence. En réalité, si la personne malade n’entretient pas les gestes liés à ces activités, elle en perd l’habitude et, comme pour toute maladie neurodégénérative, les aptitudes finissent par disparaître.

La pédagogie Montessori s’applique donc à entretenir régulièrement des tâches simples et des activités appréciées par les patients : jouer du piano, manger tout seul, se laver… il s’agit de donner aux personnes âgées des actions visant à stimuler leur mémoire pour leur redonner goût à la vie.

Montessori : une autre vision des maladies des personnes âgées

Pour tout un chacun, certains troubles neurodégénératifs comme la démence, la maladie de Parkinson ou encore la maladie d’Alzheimer sont vécus comme des « maladies » qu’il convient de traiter. Ainsi, les troubles associés à ces pathologies sont catégorisées comme des symptômes tout à fait habituels, comme l’agitation chez une personne âgée atteinte de démence par exemple. En revanche, chez un individu qui ne présente aucune pathologie, on parlera plutôt d’énervement.

C’est dans la perception des choses que la pédagogie Montessori se montre différente, c’est-à-dire au niveau de la base même qui conditionne les traitements et l’approche du patient. Plutôt que de considérer un Alzheimer comme une maladie, on le verra plutôt comme un handicap, modifiant ainsi l’approche du patient dans sa globalité et donc la manière dont ce dernier doit être accompagné.

La pédagogie Montessori permet d’accompagner le patient âgé dans le respect et vient combler certains manques liés à la vision classique de la maladie des personnes âgées. Par exemple, s’il est courant de parler de perte d’autonomie et d’associer ceci à l’impossibilité pour le patient de prendre des décisions, la pédagogie Montessori visera à donner le choix aux patients, en leur redonnant le contrôle des activités qu’elles souhaitent effectuer au quotidien. Dans une maison de retraite, par exemple, les possibilités quant à faire participer les patients à la vie de l’établissement sont nombreuses : cuisine, décoration intérieure et extérieure, activités etc.

La pédagogie Montessori s’applique à faire usage des capacités restantes des personnes âgées atteintes d’une maladie neurodégénérative, contrairement à la vision classique qui tend à se concentrer sur ce qui ne va pas. Le champ des actions possibles s’ouvre donc devant une multitude d’activités envisageables pour les patients, donnant un sens totalement différent à leur existence … comme à leur maladie.

Le M.A.S : l’outil Montessori en EHPAD ?

Le M.A.S est le Montessori Assessment System (traduisez : Système d’évaluation Montessori). Basé sur des valeurs humanistes solides, il s’articule autour du respect de la personne âgée, de la dignité et de l’égalité.

Le M.A.S se présente comme un ensemble de sept activités basées sur la méthode Montessori :

  • Le lavage des mains
  • La lecture et la discussion autour d’une histoire courte
  • L’activité de catégorisation
  • La motricité fine
  • L’enfilage d’un vêtement
  • La perception des couleurs et de la profondeur
  • L’utilisation d’un calendrier

Ces activités ont été choisies car elles font toutes appel à des compétences et à des capacités qui ne sont pas évaluées avec les outils classiques. L’outil M.A.S peut ainsi fournir des informations essentielles sur les patients et contribuer au travail des professionnels. En outre, le M.A.S permet d’identifier les activités pour lesquelles les aptitudes cognitives des patients peuvent être stimulées.

Recueillies auprès de 196 personnes séjournant en AHPAD, les données d’une étude M.A.S démontrent d’excellentes qualités psychométriques, indiquant que l’outil est tout à fait valide pour être utilisé dans ce type de contexte.

4.6/5 - (21 votes)
error: Ce contenu est protégé