Comment gerer les caprices des enfants ? Comprendre et bien agir

Il est difficile pour la société d’admettre que les caprices des jeunes enfants soient un mythe, car cela impliquerait une grande remise en question sur les convictions passées. En somme, ce que l’on appelle aujourd’hui « caprices » sont des « manifestations dérangeantes » d’enfants selon les adultes, que ces derniers ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre, mais derrière ces « caprices » se cachent des besoins cachés, que les enfants ne peuvent simplement pas expliquer avec des mots ; c’est à nous, adultes de les comprendre.

« L’esprit de l’enfant est disposé, jusqu’à ses racines, à l’obéissance. Seulement, quand l’adulte lui demande de renoncer à la commande du moteur qui le construit avec des lois inaltérables, l’enfant ne peut pas obéir. C’est comme si, à l’époque de la dentition, on lui demandait d’empêcher ses dents de sortir. Les caprices et la désobéissance de l’enfant sont les explosions d’un conflit vital entre sa poussée créatrice et son amour de l’adulte, qui ne le comprend pas » – Maria Montessori, L’enfant

Voir le mal où il n’y est pas

Si un adulte n’arrive pas à s’endormir, alors on dira de lui qu’il n’est tout bonnement pas fatigué. Si l’enfant, lui, n’arrive pas à s’endormir et souhaite se lever, alors on dira de lui qu’il fait un caprice et qu’il ne souhaite pas dormir.
Si un adulte ne finit pas son assiette, alors on dira de lui qu’il n’a plus faim. Si l’enfant refuse de finir son assiette, alors on dira de lui qu’il fait un caprice et qu’il n’aime sans doute pas la nourriture qui lui est proposée.

Ce sont des exemples tout simples qui mettent en lumière la différence de vision des choses concernant l’adulte et l’enfant.

Un enfant dans un monde d’adulte

Il est tout à fait normal que l’enfant puisse se sentir dépassé certaines fois, et réagisse à sa façon :

Les enfants sont dépendants des adultes ; ils sont limités physiquement car ils sont encore petits de taille ; ils ont encore du mal à se faire comprendre correctement ; ils doivent apprendre une grande quantité de choses chaque jour puis faire des essais (plus les erreurs liées aux essais…). Leurs cerveaux sont encore immatures, en particulier celui qui gère leurs émotions.

Les enfants ne sont donc pas capables de gérer leurs émotions et de prendre du recul sur ce qu’ils sont en train de vivre ; ils en seront capables mais un peu plus tard, c’est pour cela que l’on appelle la période des 7 ans : « l’âge de raison ».

Les impulsions de l’enfant

Avant 4 ans, les enfants n’ont pas la capacité de freiner leurs impulsions comme nous sommes capables de le faire. L’enfant, au contraire de nous, vit toujours dans le présent. Quant à nous, adulte, nous pensons toujours à ce qu’il peut se passer après. Exemple : je finis vite de manger et je débarrasse la table. Quand un enfant a envie de sauter dans une flaque d’eau par exemple, il ne pensera pas aux conséquences : vêtements mouillés, possibilité de tomber malade… Le cerveau de l’enfant a construit une image mentale (sauter dans l’eau) et il est quasiment impossible de la freiner, ce qui provoque souvent des conflits parents/enfants.

Prenons l’exemple d’un enfant qui fait du toboggan au square et que son papa, très pressé de rentrer, coupe l’élan de son fils en lui demandant d’arrêter de jouer tout de suite et en lui disant qu’ils doivent rentrer à la maison. L’enfant qui prenait du plaisir et qui ne pensait pas à ce qui pouvait arriver par la suite risque grandement d’être frustré et de se mettre à pleurer ou crier… Pour empêcher cette frustration ou pour la minimiser, vous pouvez dire à l’enfant : « Encore deux tours de toboggan et on rentre à la maison ! », de cette façon l’enfant est prévenu qu’il doit arrêter de jouer, mais qu’il a le droit à encore deux tours de toboggan avant d’arrêter.

le guide montessori

Les sources de crises connues

La fameuse crise au supermarché

Au supermarché, par exemple, il y a de nombreuses stimulations visuelles et sonores qui dépassent la capacité du jeune enfant à les recevoir et à les traiter. L’enfant se sent dépassé par tout ce qu’il peut voir et entendre. Prenons l’exemple tout simple et plus connu des bonbons, gâteaux, jouets… L’enfant est susceptible de se sentir perdu devant toutes ces tentations. Son système nerveux devient donc surchargé et, dès qu’une contrariété arrive (frustration), l’enfant peut déverser toutes les tensions qu’il aura accumulées jusqu’alors et faire une crise. Ce ne sont pas des caprices !

A ce moment-là, n’oubliez pas que l’enfant vit une surcharge émotionnelle trop importante pour lui, pour qu’il l’a gère seul. L’enfant a besoin de vous. Si l’adulte lui demande de ne pas crier, en criant lui-même, l’enfant ne comprendra pas et risque fort d’augmenter sa crise. Évitez de céder en lui achetant des bonbons, par exemple, prenez-le contre vous et parlez lui avec une voix douce, avec empathie.

Il serait préférable de ne pas amener l’enfant au supermarché pour éviter cette surcharge émotionnelle, et si vous le faites, il existe une petite astuce qui fonctionne la plupart du temps : donnez de petites tâches à l’enfant comme aller chercher des pommes, etc. Faites-le participer aux courses afin de lui donner de petits objectifs et donc, d’occuper son esprit et de lui éviter quelques rayons tentateurs.

Les sorties de crèches

Il arrive souvent que les parents se culpabilisent car, en arrivant à la crèche on leur dit que la journée de leur enfant s’est bien passée, mais dès qu’ils récupèrent leur enfant, celui-ci se met à pleurer. Ne culpabilisez plus, ceci est tout à fait normal ! Toute la journée l’enfant a pu vivre un tas d’émotions et quand il vous revoit le soir il se sent en sécurité avec vous et peut enfin se libérer de toutes ces tensions. L’enfant sait que vous l’aimez et qu’il peut tout à fait réagir de cette façon, en étant lui-même.

Cela peut tout à fait nous arriver également ! Si par exemple, une personne a passé une mauvaise journée, il peut arriver qu’elle réponde mal à son conjoint(e) en rentrant à la maison, à force d’avoir pris sur elle toute la journée, elle a eu besoin d’extérioriser cette fois. Certes, extérioriser de cette manière n’est pas l’idéal, mais cela peut arriver à tout le monde.

Les étiquettes posées sur l’enfant

Quand par exemple, un enfant manifeste de la colère car il n’est pas content, on a tendance à dire qu’il est mal élevé et que ses parents ne sont pas forcément de très bons parents. Or, le jeune enfant n’a pas encore la capacité de réguler ses émotionsA force de recevoir ces étiquettes, l’enfant pourra perdre confiance en lui et son estime de lui sera complètement diminuée.

« La crise est le symptôme, et non la cause du problème. »

Ajuster notre comportement

Dans notre quotidien, nous n’avons pas toujours conscience de l’impact de nos paroles et de nos comportements sur les enfants.
Il suffit que l’enfant demande notre présence, notre écoute et que nous lui répondons : « Je suis occupée, je jouerai avec toi plus tard », en ne le regardant pas dans les yeux, l’enfant peut s’imaginer que nous ne l’aimons plus comme avant. Il suffit simplement d’arrêter quelques instants ce que nous sommes en train de faire, de regarder l’enfant dans les yeux en lui expliquant que pour le moment nous sommes très occupés mais que, dès que nous aurons fini, nous pourrons venir jouer avec lui. Ce sont autant de petites choses comme celles-ci qui amélioreront notre quotidien et celui des enfants.

Si, quand nous rencontrons un problème, nous nous mettons à crier par exemple, alors l’enfant (grâce à ses neurones miroirs) fera la même chose lorsqu’il sera contrarié. Certaines paroles, certains actes peuvent nous paraître anodins mais ne le sont pas pour nos enfants. Nous devons donc leur montrer le bon exemple !

Voir la situation autrement

Quand l’enfant manifeste sa colère, par exemple, au lieu de poser un jugement hâtif sur lui en pensant qu’il est capricieux et surtout, en lui verbalisant, il serait beaucoup plus judicieux et bienveillant de se demander quel est le besoin de l’enfant à ce moment précis et comment trouver une solution qui pourra l’aider, surtout si l’enfant n’est pas en âge de se faire comprendre par des mots clairs. Il est préférable d’accompagner l’enfant que de le juger.

Vers une posture bienveillante

Afin d’accompagner l’enfant en toute bienveillance, voici deux conseils à mettre en place lors de situations qui semblent complexes, autant pour l’enfant que pour l’adulte :

Comprendre pourquoi l’enfant agit comme cela

Prenez du recul sur la situation, évitez le jugement hâtif et observez l’enfant. Vous verrez rapidement qu’il va chercher à exprimer quelque chose qu’il n’a pas encore la capacité de verbaliser. L’enfant peut faire comprendre sa frustration, par exemple, d’une manière qui peut vous heurter, de manière complètement involontaire. Une fois que vous en êtes conscient et que vous avez pris du recul, vous pouvez agir de façon compatissante et bienveillante afin de lui venir en aide.

Si un enfant de 4 ans tape ou mord, vous pouvez l’aider et l’accompagner dans ses émotions.
L’enfant agit comme cela pour attirer l’attention. La patience de l’enfant n’est pas bien développée à cet âge-là, les émotions le submergent et la zone du cerveau qui les traitent n’est pas encore en phase de maturation. Tout ceci pousse l’enfant à avoir des gestes instinctifs, comme taper, par exemple.

Faire passer le message à l’enfant

N’hésitez pas à vous mettre en contact avec l’enfant en lui faisant un câlin, par exemple. Verbalisez vos ressentis et les siens, en mettant des mots sur ses émotions, pour montrer que vous les avez compris. Profitez de ce moment calme pour le questionner, il est possible qu’il vive une période ou un événement difficile (déménagement, problèmes à l’école…).
Sanctionner l’enfant n’est pas le meilleur moyen. Proposez-lui plusieurs solutions et discutez-en ensemble.

Conclusion

Le problème de la société est d’employer le mot « caprice » à tout-va, sans chercher ce qu’il se passe derrière ces pseudos-caprices. Les caprices, comme nous l’avons vu plus haut, sont des tempêtes/décharges émotionnelles vécues par les jeunes enfants. Au lieu que les parents ne punissent les enfants, ils devraient les écouter et les accompagner dans leurs émotions. Si tout le monde agissait de la sorte, bien des problèmes seraient évités et tout le monde s’en porterait bien mieux, autant les enfants que les adultes.

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