L’esprit absorbant
, c’est à la fois le dernier livre écrit par Maria Montessori et un concept qu’elle a développé. Selon elle, l’enfant dispose de capacités d’assimilation et d’apprentissage différentes de celles des adultes. Cette forme d’intelligence innée se construit en fonction de périodes sensibles durant lesquelles l’enfant intègre plus aisément des compétences nouvelles. Découvrez à présent plus précisément ce qu’est l’esprit absorbant selon Maria Montessori.
La capacité d’assimilation innée de l’enfant selon Montessori
La capacité d’assimilation innée de l’enfant s’observe sous plusieurs formes. Naturellement, un bébé va par exemple ressentir le stress de ses parents. Sans parler, il trouve aussi le moyen de s’exprimer pour qu’on réponde à ses besoins vitaux. Dès la naissance, le nourrisson développe ainsi de nombreuses compétences.
S’imprégner des émotions d’autrui
Concernant les nouveau-nés, on relève souvent leur faculté à s’imprégner des émotions d’autrui, en particulier celles de leurs parents et proches. On dit d’ailleurs des tout-petits que ce sont des éponges à émotion.
Selon Maria Montessori, sans qu’on ait à lui apprendre quoi que ce soit, l’enfant sait inconsciemment reconnaître les émotions qui l’entourent. Il se nourrit des expressions faciales de sa maman, reproduit le sourire de son papa… Bref, l’enfant dispose naturellement d’une intelligence émotionnelle.
Cette sensibilité naturelle peut alors être déployée grâce au langage. Un enfant encouragé à verbaliser et exprimer ses propres émotions depuis tout-petit sera en effet plus enclin à développer cette compétence en grandissant. En somme, cette faculté est innée, mais c’est l’éducation qui permettra d’en exploiter ou non tout le potentiel.
Apprendre de son environnement
Au-delà de l’intelligence émotionnelle, l’enfant est également naturellement capable d’apprendre de son environnement. Il s’agit ici de compétences liées aux besoins vitaux et à la vie en société.
La première occurrence de cette forme d’apprentissage est l’intégration du langage. Le bébé s’imprègne des sonorités de sa langue maternelle et les reconnaît naturellement. Pour s’en convaincre, c’est simple : observez un bébé français de six mois et parlez-lui en mandarin. Vous verrez que son expression faciale change ! En grandissant, les premiers babillements laissent progressivement place aux syllabes, et enfin aux mots de la langue maternelle.
De la même façon, l’enfant va ramper puis marcher. En explorant de nouvelles surfaces, il adapte sa démarche, apprend à grimper, etc. Le cerveau exploite donc encore une fois l’environnement pour développer de nouvelles aptitudes.
L’esprit s’imprègne aussi de l’environnement pour développer des compétences sociales. C’est grâce à cela que nous adoptons facilement les usages culturels de notre entourage dès le plus jeune âge.
Les périodes sensibles de l’esprit absorbant enfantin
Dès la naissance, le cerveau du bébé est comme « programmé » pour apprendre. En revanche, tout ne peut pas être assimilé en même temps. En fonction de l’âge, l’enfant va en effet apprendre différemment. Ce sont les périodes sensibles de l’esprit absorbant.
Synthétiser les informations entre 0 et 3 ans
Depuis le stade du nourrisson jusqu’à environ 3 ans, le jeune enfant va développer les compétences nécessaires pour évoluer dans son environnement. Il s’agit pour lui de répondre à ses besoins vitaux comme s’exprimer et se nourrir. Selon Maria Montessori, c’est la période pendant laquelle l’esprit du bambin va en quelque sorte construire ses fondations.
Pour que le cerveau traite et synthétise les informations nécessaires à sa construction, le tout-petit va d’abord explorer son environnement avec ses sens. Il le teste : le bébé regarde, écoute, touche, manipule, goûte, met à la bouche, etc. C’est aussi durant cette période cruciale de 0 à 3 ans qu’il aura besoin d’interactions pour développer les rudiments du langage.
En somme, avant 3 ans, l’esprit synthétise les bases essentielles au développement futur de l’enfant principalement par le biais sensoriel.
Intérioriser de nouvelles formes d’apprentissage entre 3 et 6 ans
Entre 3 et 6 ans, le cerveau enfantin intériorise de nouvelles formes d’apprentissages. Il est question notamment du calcul, de la création d’un langage construit et de la capacité à organiser sa réflexion et sa pensée.
L’esprit de l’enfant est conçu pour ces apprentissages dits « scolaires », mais il faudra tout de même enseigner les concepts nécessaires de manière concrète. À ce stade, le cerveau n’est pas prêt pour l’abstraction totale. L’enfant a besoin de « faire » et de développer sa mémoire de travail. Il va notamment apprendre par le mouvement. C’est pour cela qu’il lui faut manipuler des objets pour mieux assimiler des notions abstraites telles que l’addition, la soustraction, etc.
En apprenant, les neurones créent de nouvelles connexions. À cet âge, il s’en crée davantage que pour les adultes. En expérimentant et en reproduisant ce qu’on voit autour de soi, les informations vont être « engrammées », c’est-à-dire intégrées, gravées dans le cerveau.
D’un point de vue scientifique, on parle de plasticité cérébrale. Attention toutefois, le jeune enfant apprend par l’expérience à condition de comprendre le but concret des notions enseignées.
L’esprit absorbant après 6 ans
Après 6 ans, cette forme d’intelligence qu’est l’esprit absorbant se transforme. La manière d’apprendre évolue et la capacité à assimiler les informations façon « éponge » s’amoindrit. L’enfant n’a plus besoin de faire pour lui-même uniquement ni d’être dans l’action immédiate autant qu’avant. Il développe ses relations sociales et sa capacité à travailler en groupe. En somme, il est moins autocentré et son intelligence va donc continuer à se construire différemment. Sa capacité de concentration augmente et c’est à partir de là qu’il peut assimiler des concepts plus abstraits.