On le sait désormais, il vaut mieux limiter le temps passé par les enfants devant les écrans. Avant 3 ans, toute exposition est même fortement déconseillée. Mais rares sont les foyers qui ne possèdent pas au moins un téléphone ou un ordinateur, alors que faire quand l’enfant grandit et est en demande d’écran ? Que peut-on proposer de regarder à 5, 7 ou 11 ans et pendant combien de temps ? Pour répondre à ces problématiques de plus en plus présentes, on a vu apparaître la règle 3-6-9-12, sorte de guide pour l’utilisation des écrans. Lisez la suite pour mieux gérer les temps d’écrans par âge et pour savoir quels sont les contenus adaptés aux plus jeunes selon ce principe.

Les écrans sont nocifs pour les jeunes enfants

Avant 3 ans : éviter le plus possible les écrans et favoriser la découverte du réel

Avant 3 ans, il est bon de limiter au maximum le temps passé devant les écrans. Votre enfant est à un âge où il découvre ce qui l’entoure grâce à ses 5 sens. Il a donc besoin avant toute chose de toucher, de sentir, goûter, etc.

Même si les tout-petits semblent fascinés, en vérité leur cerveau ne développe aucune compétence essentielle devant les écrans. Apprendre à parler, reconnaître les visages et les expressions ou encore bouger et marcher ne se fait pas devant un écran.

Une exposition répétée peut même entraver leur développement car ils sont souvent passifs et ne parlent pas, le regard est fixe et reste exposé à du virtuel, tout reste impalpable. De plus, l’enfant peut difficilement percevoir la taille réelle de ce qu’il voit puisque tout est limité aux dimensions de l’écran.

Il en va de même pour les émissions dites éducatives, où l’écoute est en réalité passive. Sans être capable de réinvestir ce qu’il entend ou de faire le lien avec des situations réelles, cela n’apporte rien à votre bébé.

N’oubliez pas également que votre enfant se construit en vous observant. S’il est attiré par les écrans, ce n’est pas seulement à cause des sons et des images qu’ils produisent, mais aussi parce qu’il vous voit les utiliser. Avant 3 ans, l’enfant a besoin du regard de ses parents et d’interagir avec eux.

Vers 2 ans et demi, on peut commencer l’exposition avec des applications interactives en compagnie d’un adulte et sur des temps très courts : 5 à 10 minutes.

De 3 à 6 ans : sessions de 20 minutes d’écran et pas de console de jeu personnelle

Entre 3 et 6 ans, les enfants se socialisent et entrent dans la phase d’imitation. Ils jouent à faire comme les grands et veulent leur ressembler. Ils peuvent avoir envie de jouer sur le portable de maman ou avec la console de jeu des grands frères et sœurs. L’enfant est en pleine construction et a cependant un énorme besoin de manipuler de vrais objets pour développer toutes ses connexions neuronales.

Deux autres problèmes majeurs posés par les écrans à cet âge sont le système de récompense et la courte durée des contenus. Des étoiles apparaissent quand on franchit un obstacle ou des confettis virtuels sont visibles quand on aligne 3 bonbons. Le cerveau aime les récompenses et l’instantané.

Mais dans la vie réelle, il ne se passe rien si on termine un puzzle sur lequel on a passé 10 minutes, hormis si un adulte se trouve à proximité pour féliciter l’enfant. C’est pour cette raison que les plus jeunes peuvent en venir à préférer le jeu virtuel aux vrais objets.

Entre 3 et 6 ans, la console de jeu personnelle est donc vraiment à éviter. L’enfant a besoin d’apprendre à résoudre des difficultés et à persévérer sans l’aide d’une intelligence artificielle pour lui fournir des indices et le féliciter à chaque étape. C’est ainsi qu’il apprend la patience et la concentration. De 3 à 6 ans, le temps d’écran doit se limiter à des sessions de 20 minutes et 1 heure par jour maximum, toujours accompagné.

De 6 à 9 ans : temps d’écran de 30 à 45 minutes pour découvrir Internet, créer et apprendre

De 6 à 9 ans, les enfants sont généralement en demande d’écran et cela peut être le bon moment pour commencer à présenter des jeux plus complexes et découvrir Internet.

L’idée est de proposer des contenus interactifs dans lesquels les enfants vont pouvoir exercer leurs capacités de réflexion, de création et de concentration.

On peut penser par exemple à Scratch, un logiciel de programmation gratuit conçu pour les enfants ou encore à certaines applications de montage vidéo très simples. Vous pouvez aussi télécharger des applications gratuites permettant de réaliser des dessins virtuels.

Cela peut être l’occasion d’offrir à l’enfant un appareil photo numérique ou votre ancien smartphone dépourvu de carte sim. Montrez-lui comment prendre une photo et chargez-le d’être le « reporter » de certaines sorties en famille par exemple.

Parlez aussi de l’âge auquel vous autoriserez un téléphone personnel. Profitez-en pour discuter ensemble du droit à l’image, des dangers de la retouche photo et des images modifiées ou fausses qui peuvent circuler sur Internet. Ces sessions de découverte face aux écrans ne doivent pas excéder 30 minutes à 6 ou 7 ans et 45 minutes à 8 ou 9 ans.

De 9 à 12 ans : 1 heure d’écran maximum en apprivoisant les risques des réseaux sociaux et Internet

Dans la phase de préadolescence, entre 9 et 12 ans, les enfants s’intéressent de plus en plus aux réseaux sociaux. TikTok a notamment beaucoup de succès auprès des plus jeunes qui ont envie de s’amuser à créer des vidéos, mais sans vraiment percevoir les dangers représentés par ce genre de plateformes.

C’est donc le moment idéal pour informer et prévenir les risques de cyberharcèlement auprès de votre enfant. Il est essentiel d’expliquer que tout ce qui est publié sur Internet ou les réseaux appartient au domaine public, que les contenus y sont quasi ineffaçables et qu’il existe énormément de montages et de manipulations de l’image et des informations.

Entre 9 et 12 ans, l’enfant doit apprendre à s’autoréguler et à tenir lui-même le compte du temps passé devant les écrans, en n’excédant pas 1 heure par jour à 12 ans.

Parlez toujours de ce qu’il regarde, discutez de ce qui l’intéresse sans jugement. Votre enfant doit se sentir en confiance et libre de vous parler s’il tombe sur un contenu inadapté. Montrez-lui aussi comment signaler de tels contenus.

À partir de 13 ans : autoriser les réseaux sociaux sous surveillance et définir ensemble le temps d’écran

À partir de 13 ans, l’enfant devient un ado et il atteint l’âge minimal autorisé officiellement par la majorité des réseaux sociaux. Plutôt que de vouloir l’en éloigner le plus possible, apprenez-lui plutôt à s’en servir et discutez franchement de vos craintes face à une utilisation d’Internet en autonomie. Définissez ensemble le temps alloués aux écrans et gardez toujours un œil sur ses publications.

Apprenez à votre ado à créer un profil privé et à protéger ses conversations. Maintenez des limites quant à l’utilisation des écrans la nuit ou pendant les temps de travail. Incitez votre enfant à utiliser Internet en restant en contact avec le réel, en discutant par exemple avec des amis qu’il peut aussi voir « en vrai » plutôt qu’avec des inconnus dont il peut recevoir les demandes de connexion.

Ne le laissez pas manger devant les écrans ni les substituer aux moments passés en famille ou entre amis. Cela doit rester un plaisir ou un divertissement et non une addiction. Même s’il ne le montre pas toujours, votre ado a encore besoin d’affection et de reconnaissance de votre part. Les réseaux ne doivent donc pas tenir ce rôle, au risque de créer une dépendance aux likes et aux abonnés.

Gérer les temps d’écran par âge et selon le stade de développement de l’enfant

Initiée par Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, la règle 3-6-9-12 a pour but de guider les parents et les acteurs du domaine de l’enfance dans l’utilisation des écrans. Tous les contenus ne sont pas à proscrire, mais il convient simplement d’en faire une utilisation raisonnée en fonction de l’âge, du niveau de maturité et de développement de l’enfant. Retenons ceci : avant 3 ans, le moins d’écrans possible ;  jusqu’à 6 ans, des temps courts accompagnés ou des jeux interactifs, jusqu’à 9 ans, encouragez les contenus créatifs et jusqu’à 12 ans sensibilisez aux risques d’Internet et des réseaux. Et vous, quelles utilisations des écrans ont vos enfants ?

 

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