Article écrit par Jeanne, AIRAM Montessori.
Dans l’esprit de beaucoup, la pédagogie Montessori est réservée aux familles aisées. Et elle n’est appliquée que dans des écoles privées hors contrat. Pourtant, les professeurs des écoles de l’Éducation nationale qui font ce choix pédagogique sont de plus en plus nombreux. Ils sont parfois soutenus par leur hiérarchie, parfois non. Tour d’horizon de la pédagogie Montessori dans l’Éducation nationale.
Le principe de liberté pédagogique
En France, les professeurs des écoles jouissent de la liberté pédagogique. C’est-à-dire qu’il leur revient de choisir la manière dont ils transmettent les savoirs, la méthode, les exercices, mais aussi le système d’évaluation des élèves (Code de l’éducation – Article L912-1-1).Cette liberté s’exerce dans le cadre donné par les programmes fixés par le ministre de l’Éducation nationale. Les professeurs doivent respecter les objectifs de ces programmes et faire progresser les enfants au mieux dans ce sens .Théoriquement donc, les professeurs des écoles peuvent faire le choix d’appliquer la pédagogie conçue par Maria Montessori dans leur classe dans une école publique ou privée sous contrat. Car les apprentissages proposés par l’approche Montessori pour les 3-6 ans par exemple sont tout à fait en ligne avec les objectifs fixés par l’Education nationale pour les classes maternelles.Pour approfondir cette question, voir le podcast être et savoir : qu’est-ce que la liberté pédagogique ?
La mise en œuvre difficile de la pédagogie Montessori dans l’Éducation nationale
L’organisation de l’école dans l’Éducation nationale, obstacle à la mise en œuvre de la pédagogie Montessori
Difficile d’obtenir une classe de triple niveau dans l’Éducation nationale, comme le préconise Maria Montessori dans sa pédagogie.Compliqué aussi d’organiser une période de travail ininterrompue de trois heures quotidiennement. Sorties à la bibliothèque, cours d’éducation physique, de musique, sans parler de la récréation du matin ! Tout vient interrompre le travail et la concentration des enfants.Mission presque impossible également d’équiper une classe en matériel Montessori avec les fonds dont disposent les professeurs des écoles.Difficile enfin pour les professeurs de se former, tant financièrement que pour des questions de temps et d’investissement personnel.
La défiance de certains acteurs de l’Éducation nationale envers la pédagogie Montessori
Dans les faits, malgré le principe de liberté pédagogique, les professeurs des écoles sont soumis à la bonne volonté de leur hiérarchie. Le projet pédagogique choisi par l’enseignant ne doit pas venir à rebours du projet de l’établissement dans lequel ils exercent. Il n’est pas rare que directeur d’école ou collègues s’opposent ainsi au désir d’un professeur de mettre en œuvre l’approche Montessori. Ils peuvent entraver ce projet, matériellement et par une pression psychologique quotidienne.Pourquoi l’opposition de certains professeurs ou directeurs s’expriment-elle ainsi avec force contre la pratique de la pédagogie Montessori de leurs collègues ? Tout d’abord, parce que la transition d’une classe d’une école en fonctionnement Montessori peut susciter un sentiment d’injustice chez les parents dont les enfants ne sont pas dans la classe en question. Se pose également la question de la continuité dans les apprentissages. Un enfant issu d’une classe maternelle Montessori arrivera souvent en CP avec des compétences avancées en lecture, par exemple. Les enseignants de CP se sentent mis en difficulté par leur collègue de maternelle. Ils ne savent pas quoi proposer aux enfants déjà lecteurs.Les professeurs des écoles sont également soumis au contrôle de l’inspection académique dont le regard sur la pédagogie Montessori varie grandement d’une personne à l’autre.Devant ces difficultés, des professeurs des écoles se sont organisés dans les régions et au niveau national pour s’échanger conseils, astuces et bonnes pratiques.
L’association Public Montessori
Une poignée de professeurs de l’Éducation nationale, désireux de se former à la pédagogie Montessori et d’équiper leur classe en matériel Montessori, ont uni leur force en 2015 en créant l’association Public Montessori. Depuis, des centaines de professeurs les ont rejoints. Les groupes départementaux de l’association organisent des réunions régulières. Ainsi, les professeurs des écoles qui souhaitent appliquer ou qui appliquent la pédagogie Montessori dans leur classe ont la possibilité d’échanger et de se soutenir mutuellement.Au niveau national, est mené un travail d’information auprès du grand public et des instances ministérielles. L’association organise des conférences et met à disposition un certain nombre de ressources pour ses adhérents. Elle organise un parcours de certification, lequel conditionne un système de prêt de matériel.Parmi les professeurs des écoles adhérents de l’association Public Montessori, certains sont formés à la pédagogie Montessori, d’autres non.
Une formation à la pédagogie Montessori adaptée à la réalité de l’Éducation nationale
Conscients des contraintes imposées par l’Éducation nationale, l’Institut Supérieur Maria Montessori (ISMM) et AIRAM Montessori ont créé une formation conjointe afin de répondre aux besoins spécifiques des professeurs des écoles. Afin de s’adapter aux contraintes géographiques et de temps, cette formation est proposée en blended learning. C’est-à-dire que les stagiaires ont accès à des apprentissages tutorés en ligne, à des webinaires de groupe, des classes virtuelles, … Ils bénéficient d’un suivi individuel. Ils manipulent individuellement et ils ont la possibilité de se joindre à des sessions de manipulation en groupe, à l’ISMM.Lors de cette formation, stagiaires et formateurs mènent ensemble une réflexion notamment sur la préparation de l’environnement (entendu de manière large : posture de l’adulte, organisation, etc.) dans le contexte de chacun, sans dénaturer la pédagogie Montessori.
Merci pour ce bel article Jeanne
Je ne vois pas ce que peut apporter de plus à un enfant passant en 6eme ayant fait tout son éducation dans le public et qui n est pas si mauvais que cela n à pas de problemes en plus faut t il les moyen sorte de discrimination et surtout changement total que va devenir cet enfant sans règles sans sport coupe de ses anciens amis isolé et surtout de diversité culturelle
Une chose est sûre, si l’Education Nationale est maintenant contrainte de se remettre en cause, et de ne plus imposer sa dictature, ce n’est pas par esprit bienveillant, mais bien parce qu’ elle ne peut plus faire autrement.
Et les écoles Maria Montessori, qui, en attendant, prenaient leur mal en patience, et inculquaient, avec amour et diplomatie, le savoir à nos enfants, sortent ENFIN de l’ombre, depuis quelques années.
Pour le plus grand bonheur des parents et de leurs enfants.
Comme quoi, il y a toujours une justice.