Lorsque le sujet des pédagogies alternatives est abordé, le nom Montessori ressort assez rapidement. On parle beaucoup des ateliers conçus pour les 3-6 ans ou pour les élèves de l’école élémentaire, mais il existe aussi tout un pan dédié aux bébés et aux tout-petits en âge d’aller à la crèche. Maria Montessori s’était en effet intéressée aux plus jeunes enfants au travers de ce qu’elle a nommé le « Nido » et la « communauté enfantine », périodes qui touchent les nourrissons, jusqu’aux enfants de 3 ans.
Des professionnels de la puériculture ont ainsi commencé à monter des crèches Montessori. Mais comment fonctionne une crèche Montessori par rapport à une crèche standard ? Comment reconnaître une « vraie » crèche Montessori ? Si votre enfant est en âge d’aller en crèche, lisez la suite.
C’est quoi une crèche Montessori ?
Si vous connaissez les grands principes de la pédagogie Montessori, vous savez sans doute qu’il est question de respect du rythme de l’enfant, de favoriser l’autonomie ou encore d’éducation bienveillante. Mais concrètement, comment cela s’applique-t-il en crèche ?
Le Nido Montessori et la communauté enfantine
En Montessori, il existe différents accueils dans lesquels vont évoluer les enfants, on les appelle les ambiances. Pour les plus petits de 0 à 3 ans, on parle du Nido Montessori.
L’organisation se fait généralement par tranche d’âge : le Nido va de 0 à 6 mois, puis le grand Nido jusqu’à 18 mois et enfin la communauté enfantine qui se poursuit jusqu’aux 3 ans. Les enfants y sont regroupés et accompagnés selon leur degré d’autonomie, leur capacité ou non à s’asseoir puis à marcher.
Les activités y sont menées de manière progressive, en respectant le rythme de chaque enfant. Le but est d’accompagner le développement des bébés et des tout-petits en faisant travailler chaque sens de manière graduelle : d’abord l’ouïe, puis la vue, la préhension, l’équilibre, etc.
Les différents environnements sont préparés en vue de faciliter l’autonomie et la motricité des plus jeunes. On y utilise ainsi du mobilier spécifique réparti en 4 aires bien délimitées : le coin repas, l’éveil, le repos et le soin physique.
Le mobilier et le matériel utilisés en crèche Montessori
En crèche Montessori, certains points peuvent surprendre, notamment concernant le mobilier et le matériel utilisé pour l’éveil. Les lits à barreaux sont absents dans le grand Nido, car on utilise à la place des matelas au sol afin de favoriser la mobilité et l’autonomie de bébé durant les phases de sommeil. On ne force pas un enfant à dormir et on le laisse bouger s’il en ressent le besoin.
Les espaces d’éveil sont relativement ouverts et dégagés, avec des miroirs à hauteur du sol et des jeux en nombre raisonnable. On évite les matériaux plastiques pour les jeux et les couleurs vives aux murs. En crèche Montessori, on favorise un environnement aux couleurs neutres et apaisantes, susceptible d’amener le calme et la concentration.
Pour le coin repas, les chaises hautes laissent place aux chaises de sevrage (sortes de petites chaises en bois très basses) et aux tables basses.
Le matériel d’apprentissage est laissé à la hauteur des enfants. En revanche, la manière de l’utiliser est strictement encadrée par les éducateurs afin de veiller au respect de l’environnement et de chacun.
Le cadre éducatif et la bienveillance
L’un des principes fondamentaux de la pédagogie Montessori est le respect du cadre. Pour cela, les éducateurs sont poussés à faire preuve à la fois de bienveillance et de fermeté. Les enfants sont toujours encouragés dans leurs réussites et leurs progrès. En revanche, lorsque vient le temps des premiers ateliers individuels, le cadre est donné dès le début. L’adulte présente au préalable l’activité à l’enfant et on ne doit pas détourner le matériel de son usage. Par exemple, il existe un petit support en bois sur lequel l’enfant doit essayer d’enfiler des anneaux. Si après qu’on lui aie montré, le bambin s’entête à jeter chaque anneau à travers la pièce, l’adulte qui l’observe devra intervenir avec fermeté pour préserver le matériel et la sécurité des autres enfants. Quitte à créer un petit moment de frustration, il lui ôtera temporairement l’activité des mains en lui expliquant pourquoi il le fait.
Quels sont les différents types de crèches Montessori ?
Même si la pédagogie Montessori a fortement gagné en notoriété en France depuis une dizaine d’années, les personnes qui en maîtrisent réellement les principes restent malgré tout peu nombreuses. De plus, ce nom n’étant pas protégé, il existe différents types de crèches Montessori, susceptibles de plus ou moins en respecter les principes originels.
Les crèches faisant appel à des professionnels formés par l’ISMM
Certaines crèches Montessori font appel à des professionnels formés par l’ISMM, l’Institut Supérieur Maria Montessori, l’unique centre de formation français agréé par l’Association Montessori International, lui-même créé par Maria Montessori en 1929.
C’est un réel atout de pouvoir bénéficier des services de personnes certifiées par l’ISMM. Cela montre d’abord un certain sérieux de l’établissement, ainsi qu’une volonté profonde d’appliquer et de respecter les principes élaborés par Maria Montessori.
Ce type de crèches n’hésite donc pas à mettre en avant les certifications de leurs salariés en les affichant dans leurs locaux ou en les notifiant sur leur site internet. Cependant, si ces lieux d’accueil sont appréciés car on cherche à se rapprocher au maximum du fonctionnement du Nido tel qu’il était décrit par sa créatrice, il faut également considérer leur coût.
Leur prix parfois élevé s’explique par le fait qu’il s’agit de crèches privées dont les intervenants ont eu eux-mêmes à suivre des formations relativement onéreuses en plus d’une formation classique pour la prise en charge de jeunes enfants. Leurs compétences sont à la fois spécifiques et recherchées, ce qui occasionne un coût pour la structure qui les emploie.
Par ailleurs, dans ces crèches Montessori, on favorise les matériaux nobles et naturels plutôt que du plastique ou du jetable. Enfin, le prix peut s’expliquer par la quantité d’activités et de sorties prévues ainsi que le taux d’encadrement quelques fois supérieur à celui des crèches classiques.
Les réseaux de crèches Montessori et les crèches indépendantes
Comme dit plus haut, puisque le nom n’est pas protégé, il est possible de monter une crèche Montessori sans pour autant en respecter tous les principes. Par ailleurs, il n’existe pas de cadre légal pour la formation du personnel concernant Montessori.
Vous pouvez donc tout aussi bien avoir affaire à des personnes qui se sont formées en autodidacte, en quelques jours ou pendant plusieurs semaines, en présentiel ou non, auprès de l’ISMM ou non.
Ainsi, pour savoir si la crèche Montessori que vous convoitez est un établissement fiable, n’hésitez pas à parcourir leur site internet, à lire des avis et si possible à discuter avec des parents ayant déjà inscrit leur enfant. Demandez aussi à visiter les locaux pour constater comment elle fonctionne, voir le matériel et le mobilier utilisés.
Si l’établissement fait partie d’un réseau de crèches Montessori, il se peut que chaque entité soit indépendante. Si c’est le cas, ce doit être noté dans leurs mentions légales et il faut alors se montrer attentif quant aux libertés pouvant être prises par la direction dans le fonctionnement de la structure.
Comment reconnaître une « vraie » crèche Montessori ?
Il est important de savoir comment reconnaître une « vraie » crèche Montessori, autrement dit, qui en respecte les principes fondamentaux et essaie au maximum de les appliquer. L’idée est de trouver un établissement qui ne cherche pas à profiter du nom Montessori pour attirer plus de familles ou gonfler ses tarifs de façon injustifiée.
Voici quelques questions à soulever pour trouver une crèche Montessori :
- Comment et pendant quelle durée a été formé le personnel ?
- Le mobilier et le matériel sont-ils conformes aux principes d’une ambiance Montessori (matériaux naturels privilégiés, coloris neutres et apaisants plutôt que des couleurs vives, présence de plateaux d’activité en exemplaires uniques, etc.) ?
- Comment les enfants sont-ils répartis (Nido, communauté enfantine, différenciation en fonction du niveau d’autonomie) ?
- Utilise-t-on des chaises hautes et des lits à barreaux ou des chaises basses et des matelas au sol ?
- Les activités sont-elles réalisées majoritairement en groupe, individuellement, et quelle part d’autonomie est laissée à l’enfant dans leur réalisation ?
Enfin, sachez qu’il est tout à fait possible de trouver des crèches publiques et des microcrèches à tarif raisonnable qui tentent d’insuffler du Montessori dans leurs pratiques. Même si le personnel n’est pas formé à l’ISMM, ce sont avant tout les principes de bienveillance, de respect du rythme de l’enfant et d’autonomie qui sont à prendre en compte.