Montessori, Freinet, Steiner, Waldorf, autant de noms qui désignent tous une pédagogie alternative. Mais comment choisir ? Quelles différences ? Souvent présentées comme sources d’innovations pédagogiques, certaines ont pourtant plus d’un siècle d’existence. On entend beaucoup parler de Montessori en maternelle depuis quelques années, mais aussi du coût de ces écoles. La méthode Freinet quant à elle serait très efficace en élémentaire. Malgré tout, de nombreux parents et même certains enseignants se retrouvent noyés face à la multiplicité de ces propositions. Alors, en quoi consistent-elles et laquelle choisir ? Pour le savoir, nous allons étudier ensemble les 3 principales pédagogies alternatives proposées en France.

Montessori : la pédagogie la plus populaire en maternelle

D’où vient la pédagogie Montessori ?

La pédagogie Montessori a été mise au point par Maria Montessori, la première femme médecin d’Italie. À la fin du 19e siècle, les enfants dits « déficients mentaux » étaient placés en institut et peu s’en préoccupaient. C’est d’abord en les observant que Maria Montessori commence à mener ses premières expérimentations pédagogiques. Elle fabrique du matériel et adopte une manière différente d’enseigner par rapport aux cours magistraux classiques. Ses patients deviennent des élèves, car elle parvient à les rendre autonomes et à leur enseigner les bases du français et des mathématiques.

L’expérience sera reproduite auprès d’enfants défavorisés à Rome. Là encore, c’est une franche réussite. Les enfants deviennent autonomes, organisés et entrent dans les apprentissages. La pédagogie s’est ensuite déployée dans toute l’Italie et aussi en France, puis aux États-Unis où Maria Montessori s’est exilée à cause du franquisme.

Sur quoi repose cette pédagogie alternative ?

Après avoir passé beaucoup de temps à observer les jeunes enfants et leur manière d’apprendre, Maria Montessori s’est aperçue qu’ils avaient besoin de manipuler. Un des piliers de la pédagogie Montessori, c’est donc le matériel qui l’accompagne. L’investissement de départ étant assez élevé pour équiper une classe maternelle, c’est le reproche principal qui lui est fait. Cependant, il est tout à fait possible de fabriquer du matériel Montessori soi-même à moindre coût.

L’atout principal de la pédagogie Montessori, c’est le respect du rythme de l’enfant. Concernant les apprentissages, on commence avec des activités très simples. On apprend à s’asseoir sans faire de bruit, à manipuler de la vaisselle ou à nettoyer une table par exemple. Ce sont les ateliers de « vie pratique ». Ils permettent de rendre un enfant de maternelle autonome et organisé dans des tâches simples via des ateliers individuels. Cela évite de se comparer aux autres et aussi de copier ! Quand l’enfant est prêt, l’éducateur Montessori lui présente des activités plus scolaires pour entrer dans les mathématiques ou la lecture notamment, toujours avec du matériel sensoriel et des difficultés progressives.

Les enfants sont regroupés par tranche d’âge et non par niveau de classe (3-6 ans, 6-9 ans, etc.). Cela encourage le tutorat et favorise la prise en compte des périodes sensibles.

Steiner-Waldorf : la pédagogie alternative la plus controversée

C’est quoi la pédagogie Steiner ?

Bien que populaire auprès des jardins d’enfants et des crèches, la pédagogie Steiner-Waldorf (aussi appelée Steiner ou Waldorf indépendamment) se destine aux enfants entre 0 et 21 ans. C’est aussi la plus controversée parmi celles présentées ici. Pourquoi cela ? Contrairement à Montessori qui repose sur les observations d’une femme médecin, la pédagogie Steiner a été créée par Rudolf Steiner, un philosophe et occultiste autrichien. Ce dernier a développé un courant ésotérique à la fin du 19e siècle : l’anthroposophie. Ses préceptes s’appliquent aussi bien à la santé qu’à l’agriculture ou encore à la pédagogie.

Encouragé par ceux qui suivent ses idées, il fonde des écoles pour les appliquer et la méthode se répand en Allemagne puis en France. Cette pédagogie insiste beaucoup sur l’importance des arts et de la culture. Les enfants sont invités dès tout petit à découvrir la nature et à s’exprimer au travers de la musique et des arts plastiques. Ce sont les principaux points forts de cette méthode, très appréciée en crèche. Le but est aussi de développer la confiance en soi et la curiosité.

Cependant des reproches sont faits quant aux apprentissages scolaires pour les élèves plus âgés, notamment en élémentaire. La lecture n’apparaît pas avant 7 ans par exemple et les pseudosciences prennent parfois le pas sur les théories scientifiques avérées. Les termes utilisés dans certaines écoles Steiner font référence à l’âme ou encore aux forces surnaturelles, ce qui leur vaut parfois de vives critiques.

Points communs entre les pédagogies alternatives Montessori et Steiner

Comme la pédagogie Montessori, Steiner s’applique pour une large catégorie d’enfants, depuis le nourrisson jusqu’à l’adolescent. Autre point commun, la première « Libre École Steiner » était destinée aux enfants de la classe ouvrière, en revanche le cycle d’études était bien plus long et devait durer 11 ans. Ici aussi, on encourage l’enfant à devenir rapidement autonome et à prendre confiance en lui. Si vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à la lecture de cet article à propos des différences et points communs entre Montessori et Steiner.

Freinet : une pédagogie alternative pour l’élémentaire

La méthode Freinet

Célestin Freinet et sa femme Élise ont mis au point la méthode au début du 20e siècle. Le pédagogue et ex-instituteur français parlait d’ailleurs de technique et non de méthode pour nommer sa pédagogie, l’idée étant qu’une technique peut évoluer.

Des écoles alternatives Freinet dans le public

Si Montessori et Steiner-Waldorf sont appréciés en maternelle et en crèche, Freinet se présente plutôt comme une pédagogie alternative aux méthodes classiques de l’Éducation nationale pour l’élémentaire.

Dans le système standard, c’est le professeur qui détermine le programme de la journée et les matières étudiées par les élèves. La pédagogie Freinet repose davantage sur les projets des enfants, notamment en matière d’expression écrite (création d’un journal scolaire, correspondance entre écoles, etc.). Les prises de décision se font en conseil où le maître est à position égale avec les enfants. Le dessin et les textes libres sont également très importants dans cette pédagogie. L’idée de Freinet c’est qu’un enfant est plus motivé s’il est à l’initiative d’un projet plutôt que si l’ensemble des tâches lui sont imposées.

La méthode étant reconnue, on trouve des écoles d’application Freinet dans le public en élémentaire. Les élèves y sont notamment invités à présenter des exposés menés en groupe. Les plans de travail sont également largement utilisés. Le programme est alors défini à la journée ou à la semaine, les activités peuvent être différenciées selon le niveau des élèves et sont réalisées dans l’ordre qu’ils souhaitent. Cela les invite à faire preuve d’autonomie dans l’organisation de leurs tâches.

Quelle pédagogie alternative choisir ?

Pour savoir comment choisir entre les pédagogies alternatives présentées, il convient d’observer la manière dont fonctionne votre enfant et de déterminer ce que vous souhaitez pour lui. Vous avez plutôt une sensibilité à la nature et aux arts ? Steiner est peut-être la méthode la plus adaptée. Vous aimeriez que l’on respecte le rythme de votre enfant et qu’il manipule un maximum ? Alors Montessori semble approprié. Vous pensez que la relation enseignant-élève doit être paritaire ? Les écoles Freinet conviendront mieux. Enfin, n’hésitez pas à participer à des portes ouvertes et à recueillir des avis sur des forums ou groupes spécialisés. A priori, parmi les 3 pédagogies alternatives présentées, laquelle vous parle le plus ?

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