Avec Montessori, l’enfant fait ce qu’il veut quand il veut. Bref, c’est un peu la pédagogie de l’enfant roi, non ? Ces phrases, on les lit et on les entend assez régulièrement dans les médias. Mais contrairement aux idées reçues, la pédagogie Montessori est tout sauf celle de l’enfant roi. Certes l’enfant est placé au centre des préoccupations de l’éducateur, mais pour autant, tout ne lui est pas permis, loin de là. Ce qui est moins connu, c’est que cette manière d’apprendre et d’éduquer repose sur un ensemble de règles bien définies qui n’ont rien à voir avec du laisser aller ou du laxisme. Tout est très encadré chez Montessori. L’enfant  apprend la frustration et ne fait certainement pas tout ce qu’il veut dès qu’il en a envie. Pour mieux comprendre, nous allons tenter de répondre aux idées reçues concernant la pédagogie Montessori et les enfants rois.

Enfant roi & Pédagogie Montessori : mythe ou réalité ?

Enfant roi & Pédagogie Montessori : mythe ou réalité ?

Avec la pédagogie Montessori, l’enfant fait ce qu’il veut quand il veut

Trop souvent, on pense que dans la pédagogie Montessori, l’enfant est tellement placé au centre des préoccupations, que c’est à l’adulte de se plier à ses 4 volontés et de tout faire pour s’adapter à ses désirs. Eh bien non !

Prenons l’exemple d’un petit de 4 ou 5 ans qui commencerait à s’intéresser aux lettres et voudrait essayer d’écrire. Dans un environnement Montessori, un éducateur lui proposerait alors un maximum d’activités en lien avec le domaine du langage et de l’écrit afin de profiter de son « élan ». L’idée est simple : quand on est intéressé par un sujet, il est bien plus facile d’apprendre et de se motiver à travailler dessus.

Mais concrètement, l’enfant ne va travailler que sur une thématique jusqu’à ce qu’il veuille enfin faire autre chose ? Ici, on peut répondre oui et non. Oui, dans le sens où tant que l’enfant est attiré par un domaine, on va lui proposer des activités qui répondent à ce besoin. Mais à côté, on n’abandonne certainement pas les autres apprentissages.

On continue encore et encore à lui présenter d’autres activités et à lui demander d’observer des camarades afin de le pousser et qu’il progresse dans toutes les matières.

Par ailleurs, l’enfant ne fait pas ce qu’il veut quand il veut. Les ateliers lui sont présentés selon un ordre prédéfinis par l’adulte, du plus facile au plus difficile, en commençant par les activités de motricité fine et de vie pratique. Si l’enfant n’a pas assisté à la présentation d’un atelier par un éducateur, il ne peut en aucun cas s’en servir, ne serait-ce que pour l’essayer. Il devra d’abord maîtriser ceux de difficulté inférieure avec validation par un adulte.

Avec Montessori, les enfants ne sont jamais frustrés

S’il existe bien une fausse idée, c’est celle-ci. Dans un fonctionnement de classe Montessori, chaque activité est présente en exemplaire unique. Cela confère plusieurs avantages, dont celui de travailler la frustration. En effet, si un enfant veut absolument faire un atelier qu’on lui a présenté mais que ce dernier est déjà pris par un camarade, il faudra bien attendre et faire preuve de patience. De plus, il est interdit d’interrompre, de déranger ou de presser un autre enfant pendant son travail. Les éducateurs veillent au grain et si un enfant s’obstine à gêner au lieu d’observer silencieusement en attendant son tour, il risque de se faire rappeler à l’ordre. Autant dire que cela travaille bel et bien la frustration et la capacité à prendre sur soi !

Autre point important : si un matériel est détourné de son usage premier et que cela n’est en rien pertinent pour les apprentissages, il peut être refusé à l’enfant temporairement. Par exemple, il existe un atelier dans la pédagogie Montessori appelé les barres rouges, qui sont des barres en bois allant de 10 cm à 1 m de long. Il est clair que si un élève joue à les utiliser comme des épées, il n’aura plus le droit de s’en servir dans l’immédiat. C’est là une frustration nécessaire pour garantir le respect du matériel et des consignes données par l’adulte.

Guide de formation Montessori 0 3 ans

En Montessori, l’adulte ne fait pas assez preuve d’autorité sur l’enfant

Attention à ne pas confondre autorité et soumission. On a encore trop souvent à l’esprit qu’il faut éduquer un enfant en lui apprenant à obéir sagement aux ordres donnés par l’adulte. Cette image est sans doute un peu forte, mais l’idée générale est là, car beaucoup pensent encore qu’un enfant doit d’une certaine façon être contrôlé par l’adulte qui doit imposer ses règles, sans discussion ou presque.

Dans la pédagogie Montessori aussi il y a des règles, et heureusement, car sans cela ce serait difficile d’établir un cadre favorable aux apprentissages. En revanche, l’éducateur n’est pas seulement une figure d’autorité, c’est aussi un guide et un accompagnant. À l’inverse des pédagogies plus standards où l’adulte est face aux enfants qui doivent écouter et suivre un rythme et des activités imposées, on va davantage suggérer aux éducateurs de se placer en retrait. Le rapport avec l’adulte est plus horizontal, car il représente un guide et une aide plus qu’un maître, ce qui n’empêche pas que les règles soient nombreuses dans un environnement Montessori.

Il faut par exemple suivre la progression indiquée par l’éducateur, ne faire que les activités présentées et utiliser le matériel de la façon prescrite, il faut aussi s’installer et ranger systématiquement un atelier après utilisation sous peine de ne plus être autorisé à s’en servir pendant un temps, etc. En bref, comme partout, chez Montessori si une règle n’est pas respectée, l’enfant en subit les conséquences.

L’éducateur représente la figure d’autorité, il est le garant du respect des règles par tous et pour tous.

Non, l’enfant n’est pas roi dans la pédagogie Montessori

Le fonctionnement même de la pédagogie Montessori repose sur un ensemble de règles claires à respecter par les enfants et par les adultes. Une fois rendu un minimum autonome, respectueux des autres et du matériel, il est vrai que l’enfant dispose d’une certaine liberté dans l’organisation de son travail. Mais, qu’il progresse d’abord en maths pour ensuite passer au français n’a pas d’importance puisqu’il devra quoi qu’il arrive passer par tous les domaines d’apprentissage. C’est finalement une liberté encadrée, avec des limites et un programme bien établis. En somme, l’enfant roi n’a pas lieu d’être dans la pédagogie Montessori. Comme partout et sans doute même plus encore, il faut nécessairement attendre son tour, respecter le travail des autres, ne pas être oisif et se montrer autonome pour avancer.

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